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L'HOMME MODERNE
- HOMO SAPIENS -



La découverte d'une dent dans une grotte de la Drôme a modifié notre compréhension de l'arrivée d'Homo Sapiens en Europe en avançant cet événement de 12 000 ans. Cette découverte, effectuée dans les sédiments de la grotte Mandrin à Malataverne, a révélé une dent de lait appartenant à un humain moderne, datant d'environ 54 000 ans avant notre ère. Auparavant, les preuves archéologiques situaient cette arrivée à 42 000 ans. Cette découverte suggère ainsi que nos ancêtres et les Néandertaliens ont cohabité en Europe pendant une période plus longue que ce que l'on pensait auparavant, ce qui confirme les indications génétiques selon lesquelles l'hybridation entre les deux espèces remonte à une époque ancienne.

Les différences entre Homo Sapiens et Neandertal dans leur perception du monde sont mises en évidence par la publication dans Science Advances en février 2022. Cette étude, bien que bouleversant notre compréhension du passé, n'a pas surpris les chercheurs qui étudient la grotte depuis trente-deux ans. Ludovic Slimak, auteur de "Néandertal nu" (éd. Odile Jacob, 2022), relate qu'ils avaient déjà observé une anomalie dans les artefacts découverts dans les sédiments. Une couche, au cœur de la séquence néandertalienne, contenait des artefacts qui différaient nettement de ceux associés à Neandertal, tels que des pointes de silex projetées à l’aide de propulseurs, une technologie inconnue de cette humanité. Certains avaient envisagé que Neandertal aurait pu effectuer un "saut" technologique, mais Ludovic Slimak conteste cette interprétation en soulignant les approches du monde radicalement différentes entre Homo Sapiens et Neandertal. Alors que Homo Sapiens tend à reproduire les mêmes gestes de manière systématique, avec une production très standardisée, Neandertal présente un artisanat très créatif où chaque pièce de silex est unique.

Pour confirmer l'origine moderne de ces artefacts, Clément Zanolli, chercheur au CNRS spécialisé en paléo-anthropologie dentaire à l’Université de Bordeaux, a analysé neuf dents découvertes sur le site. Les dents, fournissant des informations précieuses sur l'alimentation, la croissance et permettant de distinguer les espèces, ont révélé une dent de lait appartenant à un enfant humain moderne, trouvée dans la couche suspecte. De plus, l'analyse des suies dans la grotte a montré que cette population s'était installée un an après la dernière visite des Néandertaliens, suggérant une cohabitation des deux populations sur le territoire, et potentiellement des affrontements.
Ces découvertes rappellent certaines observations au Proche-Orient où une alternance des deux humanités a été observée pendant 200 000 ans, malgré la fabrication d'outils similaires, ce qui n'a plus été le cas par la suite.


Mais d'où venaient ces populations modernes ? Ludovic Slimak explique : "Nous avons découvert que les traditions techniques identifiées dans cette fameuse couche étaient très similaires et contemporaines de celles trouvées sur le site Ksar Akil au Liban !" Malgré cela, cette présence n'a pas été pérenne. Après quarante ans, ces humains modernes ont cessé de fréquenter la grotte, et des années plus tard, les Néandertaliens y sont retournés. Il a fallu attendre 12 000 ans avant que la culture aurignacienne (attribuée à Homo Sapiens) ne se répande en Europe. Quant aux derniers Néandertaliens, ils se sont éteints il y a 30 000 ans.

La fuliginochronologie (soit une méthode de datation), a permis aux chercheurs d'établir que les Sapiens s'étaient installés dans la grotte moins d'un an après la dernière visite des Néandertaliens. Cette méthode, basée sur l'étude des suies, permet de déterminer les périodes d'occupation d'un lieu. "À chaque fois que des humains ont fait du feu dans la grotte, des suies se sont déposées sur les parois, un peu comme s'ils avaient 'badgé' leur présence", explique Ségolène Vandevelde, docteur en archéologie au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement et conceptrice de la méthode. Ces suies se retrouvent piégées dans les concrétions calcaires, formées sur les parois avant de tomber au sol. Une fois analysées, ces concrétions révèlent une séquence, alternant des couches de suie et de calcite, semblable à un code-barres spécifique à chaque époque. "Dans cette grotte, la pellicule de calcaire qui se forme chaque année est constituée de deux épaisseurs : celle de la saison sèche, avec de tout petits cristaux apparents, et l'autre, avec de gros cristaux, développée pendant la saison humide", ajoute-t-elle. L'analyse microscopique des lamelles de roches a révélé qu'entre la dernière "séquence" Néandertal et la nouvelle "séquence" Sapiens, il n'y avait que deux couches de calcite, donc moins d'un an nécessairement !

Notre connaissance de l'histoire d'Homo sapiens réserve encore bien des surprises. Une équipe internationale d'archéologues a analysé d'anciens outils en pierre excavés en Allemagne, révélant que les Hommes modernes avaient déjà atteint le nord-ouest de l'Europe il y a plus de 45 000 ans, soit plusieurs milliers d'années plus tôt que ce que l'on pensait précédemment. Cette présence précoce remonte bien avant la disparition de Néandertal dans la région. De plus, leurs recherches fournissent des informations précieuses sur le mode de vie, le régime alimentaire et les défis environnementaux auxquels ces premiers humains modernes ont dû faire face.

Bien que les premiers fossiles du genre Homo remontent à environ 2,8 millions d'années, les premiers Homo sapiens, ou Hommes modernes, ont émergé en Afrique il y a environ deux à trois cent mille ans. Tous les êtres humains descendent de ces ancêtres, et Homo sapiens est aujourd'hui la seule espèce survivante du genre Homo, les autres étant éteintes. Homo sapiens se distingue par son mode de déplacement bipède, son cerveau plus développé et une pilosité corporelle moins prononcée. Les Homo sapiens se sont également illustrés par leurs capacités cognitives remarquables, telles que la fabrication d'outils complexes, la domestication d'animaux et de plantes, ainsi que l'utilisation du langage pour la communication.

Les migrations d'Homo sapiens et ses interactions avec d'autres hominidés ont entraîné l'extinction progressive d'autres espèces du genre Homo, telles que l'Homme de Néandertal en Europe et l'Homme de Denisova en Asie. Cependant, des preuves génétiques indiquent que des croisements entre Homo sapiens et d'autres espèces éteintes ont eu lieu, comme en témoignent les similitudes génétiques avec l'Homme de Néandertal retrouvées chez de nombreux individus actuels. Malgré ces découvertes, les détails sur les migrations d'Homo sapiens hors d'Afrique et leurs interactions avec les autres espèces restent encore flous. Les récentes recherches suggèrent que la présence d'Homo sapiens dans le nord-ouest de l'Europe remonte à plus de 47 500 ans, bien avant ce que l'on croyait précédemment. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature.
L'HOMME MODERNE

L'analyse protéomique des ossements fossilisés a révélé des découvertes fascinantes. Entre 2016 et 2022, des archéologues ont mené des fouilles dans la grotte de Ranis, située dans l'est de l'Allemagne contemporaine. Ces fouilles, initialement commencées dans les années 1930, ont été relancées pour explorer des couches sédimentaires jusqu'alors inaccessibles en raison d'une roche épaisse. Cette nouvelle phase a permis la découverte d'ossements fossilisés, dont certains étaient humains. Pour identifier l'espèce animale à laquelle appartenaient ces ossements, les chercheurs ont utilisé une technique d'analyse protéomique, qui permet de détecter les protéines présentes dans les restes fossilisés. Les résultats ont révélé la présence d'individus d'Homo sapiens dans la grotte il y a 47 500 ans, au début de leur migration vers l'Europe. Cette découverte remet en question l'attribution initiale des outils en pierre à Homo neandertalis ; en fait, ils auraient été fabriqués par des Hommes modernes. Cette cohabitation entre les deux espèces du genre Homo aurait duré plus de dix millénaires, bien au-delà des estimations antérieures.

Les ossements retrouvés fournissent des informations sur le mode de vie des premiers Homo sapiens en Europe. La diversité des restes indique une occupation sporadique de la grotte, partagée parfois avec d'autres espèces animales telles que les ours pendant leur hibernation. Les analyses des ossements d'animaux révèlent également le régime alimentaire des Homo sapiens, qui incluait du cerf, du rhinocéros laineux et du cheval. De plus, ces découvertes renseignent sur les conditions climatiques de l'époque, indiquant un climat froid et continental, similaire à celui de la Sibérie actuelle.

Ces résultats suggèrent des interactions probables entre Homo sapiens et les Néandertaliens, mieux adaptés aux climats froids. La petite partie du génome humain héritée de Néandertal pourrait refléter ces interactions et leur adaptation aux conditions environnementales. Cette étude met en lumière l'audace des premiers Homo sapiens à s'aventurer en Europe dans des conditions climatiques difficiles, établissant ainsi des hypothèses sur leurs déplacements et leur cohabitation avec d'autres espèces et prédateurs.




 
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