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Symptômes
« L’insuffisance rénale est une affection plurifactorielle, très fréquente et souvent mortelle chez les chéloniens, qu’il faut savoir dépister en consultation. Cette entité pathologique grave est probablement le fruit de plusieurs facteurs concomitants, inhérents à des erreurs de maintenance. » Anorexie et amaigrissement sont les deux symptômes qui dominent le tableau clinique de l’insuffisance rénale chez les chéloniens. Ces symptômes sont identiques à ceux observés lors d’Ostéofibrose nutritionnelle, car ils sont la conséquence d’une hypocalcémie, mais contrairement à l’Ostéofibrose, qui n’affecte que les chéloniens juvéniles en croissance, l’insuffisance rénale survient souvent chez les adultes. Les tortues présentent alors une baisse de tonicité et des difficultés à décoller leur plastron du sol.
CausesL’étiologie de l’insuffisance rénale est en grande partie méconnue. Les facteurs présumés responsables de l’apparition d’une insuffisance rénale sont les suivants :- Déshydratation chronique, fréquente en captivité.- Régime alimentaire hyperprotidique (ex : croquettes pour chiens et chats donnés, à tort, à une tortue herbivore).- Hypervitaminose D3, souvent provoquée par une supplémentation irraisonnée de la ration par une poudre vitaminique. Les complexes minéralo-vitaminés pour reptiles actuellement vendus dans les animaleries spécialisées (ex : Reptivit, Nektonrep, Miner all) contiennent en général 10 000 Unités Internationales de vitamine D3 par kg de préparation. Or, sachant par exemple q’une tortue herbivore ne doit pas recevoir plus de 1500 à 4000 U.I. de vit. D3 par kg de matière sèche de végétaux par jour, l’apport de ces poudres ne devrait pas excéder environ 1gramme par jour chez un animal non exposé à des U.V.B. le surdosage est donc très rapidement atteint !- Injections de substances néphrotoxiques : les substances médicamenteuses les plus néphrotoxiques chez les reptiles sont les antibiotiques de la famille des aminoglycosides (ex : gentamicine, kanamycine, amikacine, streptomycine, néomycine, tobramycine, nétilmicine). Ils peuvent être à l’origine d’une affection métabolique bien connue chez les reptiles : la goutte viscérale, conséquence d’une cristallisation hétérotopique d’acide urique au niveau des viscères, et notamment des reins.- Infections bactériennes : l’insuffisance rénale peut aussi être la conséquence d’une néphrite bactérienne chronique évoluant de façon insidieuse.Urolithiases : les calculs d’oxalates de calcium et de phosphates de calcium constituent les lithiases rénales les plus fréquentes. Les lithiases oxaliques sont engendrées par un régime alimentaire essentiellement composé de végétaux riches en sels d’oxalates (ex : épinards, rhubarbe, petits pois, feuilles de betteraves). Les lithiases de phosphates tricalciques peuvent apparaitre chez les tortues supplémentées en calcium à outrance.
DiagnosticChez les chéloniens, les reins sont souvent hypertrophiés en cas d’insuffisance rénale. À l’examen radiographique de la cavité cœlomique sans préparation, on observe classiquement une zone très radiodense en avant du bassin. On observe généralement une hypocalcémie franche (<80 mg/l), une hyperphosphorémie (>120 mg/l), une inversion du rapport phospho-calcique sanguin (Ca/p< 1), une augmentation de l’index de solubilité du calcium (Ca x P >7000) et une hyperuricémie (>60 mg/l)
TraitementLa tortue souffrant d’insuffisance rénale doit être copieusement réhydratée, soit par bains d’eau tiède, par voie orale ou à l’aide de perfusions (voir déshydratation). Une fois l’animal réhydraté, une antibiothérapie doit être instaurée (enrofloxacine à 5 mg/kg/24 h), surtout si l’on suspecte une néphrite d’origine bactérienne.
PronosticL’insuffisance rénale est une affection de pronostic toujours sombre, sauf si elle est diagnostiquée très précocement.PréventionLa prévention de l’insuffisance rénale consiste avant tout à prévenir une déshydratation chronique de l’animal (pour les tortues de biotope tropical, installer un humidificateur d’air dans le terrarium, faire prendre des bains au moins deux fois par semaine, hydrater copieusement les végétaux distribués à chaque repas et éviter un régime « tout granulé »). Une consultation annuelle, pour doser la phosphorémie et l’uricémie, peut être utile.